Une fleur m'a sourit lorsque je me promenais
Entre les parterres épanouis du parc floral.
Sa corolle pâle au décolleté échancré
S'apprêtait à se vêtir de couleurs vespérales.
Je m'arrêtais, sidéré, devant cette beauté
Admirant ses pétales aux nuances bleu nacré,
Fixant son calice, de sépales surmonté
Que le soleil couchant faisait luire et flamboyer.
Une étamine plus que les autres délurée
D'un clin d'œil aguichant m'invita à me pencher
Sur cette fleur de doux satin, pour la caresser
D'une main amoureuse, peut-être d'un baiser.
J’exécutais cet ordre sans me faire prier
Quand la fleur se redressa et se mit à parler :
"Bonsoir bel étranger, tu m'admires, çà me plaît
J'aime ton franc regard sur ma robe de soirée."
"Comme je te séduis, cueille-moi, emmène-moi
J'exhalerai toujours mon doux parfum sous ton toit
Je serai encore plus belle rien que pour toi
Vêtue de tous mes atours, tu en seras pantois !"
"Sinon je te propose sans aucune manière
De te parer de moi, ornant ta boutonnière.
Ton habit soudain reflétera ma lumière
Ainsi unis nous partirons vers ta chaumière."
"Fleur, si je te cueille ta vie sera éphémère
Suis plutôt ta destinée, écarte les chimères.
Jusqu'à l'automne ici tu resteras au soleil.
Le crépuscule arrive, retrouve ton sommeil"
Je vis soudain une perle sur la fleur couler
C'était une larme, non point la blanche rosée.
Je m'éclipsais très vite sur la pointe des pieds,
Mais non sans lui emprunter un pétale doré.
L'air est plein d'une odeur exquise de lilas,
Qui,fleurissant du haut des murs jusques en bas,
Embaument les cheveux des femmes.
La mer au grand soleil va toute s'embraser,
Et sur le sable fin qu'elles viennent baiser
Roulent d'éblouissantes lames.
O ciel qui de ses yeux dois porter la couleur,
Brise qui va chanter dans les lilas en fleur
Pour en sortir tout embaumée,
Ruisseaux, qui mouillerez sa robe,
O verts sentiers, Vous qui tressaillerez sous ses chers petit pieds,
Faite s-moi voir ma bien-aimée!
Et mon cœur s'est levé par ce matin d'été;
Car une belle enfant était sur le rivage,
Laissant errer sur moi des yeux pleins de clarté,
Et qui me souriait d'un air tendre et sauvage.
Toi que transfiguraient la Jeunesse et l'Amour,
Tu m'apparus alors comme l'âme des choses;
Mon cœur vola vers toi, tu le pris sans retour,
Et du ciel entr'ouvert pleuvaient sur nous des roses.
Quel son lamentable et sauvage
Va sonner l'heure de l'adieu!
La mer roule sur le rivage,
Moqueuse, et se souciant peu
Que ce soit l'heure de l'adieu.
Des oiseaux passent, l'aile ouverte,
Sur l'abîme presque joyeux;
Au grand soleil la mer est verte,
Et je saigne, silencieux,
En regardant briller les cieux.
Je saigne en regardant ma vie
Qui va s'éloigner sur les flots;
Mon âme unique m'est ravie
Et la sombre clameur des flots
Couvre le bruit de mes sanglots.
Qui sait si cette mer cruelle
La ramènera vers mon cœur?
Mes regards sont fixés sur elle;
La mer chante, et le vent moqueur
Raille l'angoisse de mon cœur.
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